Galith Sultan
Vit et travaille à Nice, France.
www.galithsultan.com
Les Pièces Montées
« Toute boisson heureuse est un lait maternel.»
Gaston Bachelard, « L’Eau et les Rêves », 1942
Une grande partie de mon travail s’articule depuis de nombreuses années autour du livre et du monde de l’édition (Héloïse d’Ormesson, Eyrolles, L’Archipel, Gawsewitch…). La série « Les Pièces Montées » est née de récits qui ont marqué mon parcours et dont j’ai également réalisé les couvertures de livres.
Surmonter l’adversité, survivre à l’épreuve, dépasser la douleur pour parvenir à goûter chaque petite douceur de la vie et s’autoriser à glisser avec délice dans l’expérimentation du bonheur… Tel est leur point commun et le point de départ de ce travail.
Après la guérison de ma mère d’un cancer du sein, ces récits rejoignaient également ma propre histoire.
Dans ses « Propos sur le Bonheur » publiés en 1925, le philosophe Alain décrit : « Le premier hymne d’amour fut cet hymne au lait maternel, chanté par tout le corps de l’enfant, accueillant, embrassant, écrémant de tous ses moyens la précieuse nourriture. Et cet enthousiasme à téter est physiologiquement le premier modèle et le vrai modèle de tout enthousiasme au monde (…) ».
Nourricier, protecteur, réconfortant, le lait renvoie au souvenir d’un bonheur absolu et ce goût profond du sucre dans lequel se plonge l’être humain lorsque les choses vont mal, souvenir inconscient du lait maternel, est le fil conducteur de ce travail.
A travers une interprétation personnelle de l’album de ma famille et un travail de réécriture de ces fragments de bonheur, j’ai voulu construire cette série comme on confectionnerait un assortiment de petites pâtisseries délicates, composées d’une superposition de textures et saveurs douces-amères.
Elle est découpée en trois parties : la construction et l’identité (« Les pièces montées »), l’enfance et la transmission (« Les pièces rapportées »), la mémoire et la trace (« Les emporte-pièces »).
Réalisée durant l’année 2013, la série « Les Pièces Montées » s’inscrit aujourd’hui dans le prolongement de mes précédentes recherches sur la mémoire, l’enfance et la maternité (Biennale d’Art Contemporain de Lyon, Rencontres de la Photographie d’Arles, Grande Halle de la Villette, Galeries Photo FNAC…).