Anne Moffat
Vit et travaille en Australie
www.annemoff.com
Forget me not / 勿忘我
Ma grand-mère était dragon. On considère comme très chanceux ceux nés l’année du dragon, ce signe étant un gage d’autorité, de dignité, d’honneur et de succès. A 90 ans, ma grand-mère était huit fois mère, dix-huit fois grand-mère et dix fois arrière-grand-mère et ainsi de suite – et était atteinte de la maladie d’Alzheimer au dernier stade.
Forget Me Not (2014-2019) décrit l’expérience des multiples voyages que j’ai faits pour rendre visite à ma grand-mère maternelle, Kong Fung Tsze, à Sandakan, en Malaisie – un processus pour mieux comprendre qui je suis et qui elle est, alors même que je la voyais perdre son indépendance et sa conscience.
Quand ma grand-mère commençât à perdre la mémoire, ma mère lui fabriqua des petits carnets d’« histoires de vie », tendrement remplis d’images et de notes manuscrites de souvenirs de leur vie ensemble. Ironiquement et brutalement, plus vous lisez l’histoire de votre vie, plus vous avancez sur le chemin de la démence et moins vous reconnaissez cette vie comme la vôtre. Ces pages scannées travaillent en dialogue avec mes propres images, offrant une vision plus large de la vie de ma grand-mère qui fut riche et vibrante.
Je concours au Prix Virginia pour partager l’histoire de ma grand-mère avec les autres. Elle était une personne extrêmement talentueuse qui fut, à la fin de sa vie, réduite à n’être plus que la coquille de celle qu’était. J’espère que mon travail pourra apporter une vision et une connaissance plus grandes de la maladie d’Alzheimer pour que nous puissions commencer à mieux soutenir les malades, les familles et les proches et lancer une plateforme pour la recherche qui permette la découverte d’un remède à cette maladie dévastatrice.
Bien qu’il soit impossible de complètement comprendre ce que les malades d’Alzheimer endurent, c’est mon interprétation visuelle de cet état de désorientation, de répétition et les émotions qui naissent de ce spectacle du lent déclin de la vie d’un être cher.
A la mémoire de ma grand-mère Kong Fung Tsze (1928-2019).
