Sélectionnée n°7

Pour ma série, Wait Watchers, j’installe une caméra dans un lieu public bondé et je me photographie en train d’effectuer des tâches quotidiennes, alors que des inconnus passent devant moi. J’examine ensuite les images pour voir si l’un des passants porte un regard ou un langage corporel critique ou inquisiteur. Je considère mes photos comme une expérience sociale et je parcours le monde pour photographier les réactions d’un nombre diversifié d’inconnus. Je renverse le regard sur l’étranger et je place le public dans la position d’un sujet passif, témoin d’un moment particulier.

J’installe la caméra sur un trépied et prends des centaines de photos. Les images qui en résultent figent l’observateur dans un moment cartier-bressonien; microseconde durant laquelle l’obturateur, la scène, mes actions et leur langage corporel s’alignent et se gèlent à l’intérieur du cadre. Bien que je ne sache pas ce qu’il pense, l’observateur semble être physiquement troublé par ma présence. L’acte de photographier cette série est un acte d’émancipation, puisqu’au d’intérioriser la critique, j’en présente la preuve photographique au monde, et je permets au spectateur de choisir sa position.

Bien que le regard critique des passants ne dure qu’une microseconde, le regard est enregistré, ce qui permet de le revivre, maintes et maintes fois. Mes photographies retirent le voile de l’anonymat pour le contemplateur qui pense être protégé en cachant ses réactions par rapport à moi, derrière mon dos.

Suivant la publication des photographies sur divers blogs l’année dernière, les images sont devenues «virales» et ont encouragé la naissance d’un site où les gens me critiquent en ligne, à partir de profils anonymes. La plupart des observations suggèrent que ma vie serait plus épanouie si je faisais du sport ou si je me soumettais à un re-stylage. Les dernières images de la série expliquent ma tentative de montrer que moi, ou toute personne vivant à l’extérieur des normes de la société, sommes l’objet de critiques, même si nous faisons des efforts d’auto amélioration.