Aimée Hoving

Vit et travaille en Suisse
www.aimeehoving.com

L’Etre Aimée

 « Dans mon travail, j’accorde une importance primordiale à la beauté. Beauté de la lumière, des cadrages, des compositions. J’aime que tout soit pensé, que l’ensemble soit harmonieux, sublimé. Cela me permet d’atteindre une certaine vision de l’art à laquelle j’aspire et aussi de canaliser certaines émotions, certaines névroses et de les sublimer.

Ce n’est sans doute pas un hasard si j’aime ces images à double sens, tendues à la perfection, précises et évocatrices. Je viens du pays de Vermeer de Delft où est né le genre de la nature… morte.

Dans cette série très intimiste, je prends le risque de dévoiler un peu plus de mon histoire, les souffrances de l’enfance, les silences, la solitude et le vide. Il s’agit d’une série d’images jamais montrées à ce jour.

La petite fille qui pose pour moi est ma fille, Flavia. Cela fait quelques années que nous collaborons ensemble. Avec elle, je peux en quelque sorte rejouer certaines émotions ou scénarios de mon enfance. Elle a compris mon travail et sait se l’approprier pour mieux le sublimer.

Une enfance sérieuse, où la joie et l’expansion ne sont pas au rendez-vous, où l’envie de disparaître prévaut sur celle d’exister mais où la beauté tout autour de moi prédomine. Les lieux où j’ai grandis, les espaces, les matériaux nobles imprègnent mon imaginaire et ma mémoire. 

Dans cet univers, à la fois sécurisant et étouffant, aussi chaleureux que glacé de conventions, de représentations et de traditions, je joue avec les miroirs, une maison de poupée. Il y a aussi ces motifs répétitifs de tapisserie de chambres d’enfants, des mains crispées, un cri étouffé ricochant dans ces décors sophistiqués où trône un bibelot kitsch d’un Christ surnaturel.

Enfin, cette vue plongeante sur des rochers où s’écrasent les vagues et ces deux jambes de petite fille semblant surplomber l’abîme. Tombera ? Tombera pas ? Se libera-t-elle de cette souffrance si longtemps contenue ? Tel un conte fantasmagorique ou une Alice au pays du trouble semble prisonnière, la menace plane. Que se passera-t-il l’instant d’après? Un pleur, enfin, ou un rire cristallin, libérateur.

Dans cette série, je mets en tension ce sentiment de menace, de trouble, de vertige, de malaise qui confine au mal être avec la beauté comme écrin. Comme un écran qui met à distance et permet, à celui ou celle qui regarde, d’avoir l’espace suffisant pour interpréter ces images. »