Sélectionnée n°2

Je documente des histoires qui n’ont personne pour les raconter. J’ai à cœur de représenter les vies des classes populaires avec impartialité, nuance et grâce, à l’opposé de la représentation obscène de la pauvreté que je vois souvent.

J’ai auto-publié un livre The Fish That Never Swam qui met en lumière les forces sociales, politiques, économiques et structurelles qui influencent notre santé, notre bien-être et notre espérance de vie. Il montre la réalité de la vie des habitants de Glasgow qui vivent dans un environnement façonné par des décisions politiques néfastes. Des politiques qui ont rendu nos corps vulnérables. Qui ont fait que les gens meurent plus jeunes. J’ai passé 4 ans à parcourir ma ville pour analyser, interroger et photographier. Ce projet entremêle mon expérience intime de femme née à Glasgow, la perte de mon père et de trois de mes amis masculins, avec le vécu des gens que je photographie. L’espérance de vie pour les hommes à Possil est de 66 ans. A Penilee trois jeunes gens se sont suicidés en l’espace d’une semaine en juin 2020. Le taux de suicide à Glasgow est 30% plus élevé que dans toutes les villes anglaises. Les hommes qui habitent à Glasgow ont sept ans d’espérance de vie en moins que la moyenne anglaise. Quatre pour les femmes. Cela ne se passe pas dans des zones de privation isolées – les habitants de Glasgow, toutes classes sociales confondues, connaissent une réduction de leur espérance de vie de 15%. Les causes de ce fossé sont à chercher dans les politiques publiques et non, comme c’est souvent dit, dans les comportements individuels.