Sélectionnée n°10

Splinter est l’histoire de personnes vivant dans un désordre continu, au sens littéral comme au figuré, et sur la sensation d’inconfort que suscitent leurs vies.

Au cours de l’année, j’ai eu pour habitude de rendre visite à une famille qui vivait dans une maison qui aurait dû s’effondrer il y a bien longtemps. Pourtant, ses habitants refusaient apparemment d’accepter que seul l’ordre est légitime dans le monde d’aujourd’hui. Ils créaient autour d’eux un monde qui ressemblaient à un entrepôt – un espace plein à craquer d’objets, qu’ils soient en état de marche ou qu’ils soient cassés. A chaque fois que je m’y rendais, les choses avaient changé de place, de nouvelles personnes étaient là et il était parfois difficile de dire qui était un membre de la famille et qui était un étranger. C’était comme si le changement perpétuel donnait du sens à la réalité.

Pendant que je travaillais à ce projet, j’ai développé un langage visuel basé sur une palette forte et des zooms, me concentrant sur la narration d’une histoire à travers de petits échantillons d’un environnement spécifique. Mon travail se situe entre l’intimité et la proximité, visuellement agencées avec des cadres d’objets qui se détachent du fond. En utilisant constamment le flash et en m’approchant au plus près des objets dans une grande proximité, j’ai conscience que ma présence perturbe. De la même manière, je conçois d’ailleurs la photographie comme un moyen de communication, avec sa capacité à sortir ceux qui la regardent de leur zone de confort.