Sélectionnée n°10

Dans mon projet InselWesen (en français : natures insulaires), j’ai photographié l’île allemande de Föhr située en Frise septentrionale, comme un monde imaginaire où l’isolement du lieu crée une connexion particulière entre des êtres humains et leur vraie nature. J’ai choisi un style photographique évocateur des tableaux de peinture d’autrefois afin de souligner la relation mystique, la coexistence du passé et du présent dans la vie quotidienne de ces insulaires.

À une époque, l’île de Föhr était un coin isolé de la Mer du Nord et un havre pour les chasseurs de baleine. Aujourd’hui, l’île cherche à protéger son identité de l’assimilation et de disparition pure et simple. Ses habitants représentent en Allemagne une des dernières communautés possédant leur propre langue. Ils sont connectés avec leur île à un point quasi mystique. Ces liens comportent des facettes complexes ; aujourd’hui, les insulaires se retrouvent pris dans un conflit invisible entre traditions et modernité.

J’ai développé ce projet sur les deux années où j’ai été en résidence d’artiste sur l’île de Föhr, en m’impliquant vraiment avec les insulaires de souche jusqu’à être acceptée dans les cercles les plus intimes de leurs vies. J’ai photographié des gens dans l’obscurité, sur leur lieu de travail ou dans leur environnement quotidien, en utilisant, comme un pinceau sur une toile, le faisceau d’une torche pour éclairer telle partie de la scène. Cette technique m’a permis de donner une vision fantastique de l’île, tout en soulignant la fragilité de son essence profonde.