Dina Goldstein
Née en 1969 à Tel Aviv, nationalité canadienne, vit à Vancouver.
www.dinagoldstein.com
Fallen Princesses.
In the Dollhouse.
Je suis une photographe conceptuelle canadienne avec une expérience dans le milieu de la photographie éditoriale. Pour moi, la photographie se destine non pas à reproduire une esthétique qui fait écho aux normes actuelles de la beauté, mais plutôt à évoquer et à susciter chez le spectateur des sentiments de honte, de choc, de colère et d’empathie, afin d’inspirer un regard analytique sur la condition humaine.
J’ai toujours trouvé que mon expérience de photographe documentaire complète ma photographie conceptuelle – elles s’informent mutuellement, autant sur le plan technique que sur le plan créatif. De ce travail plus franc, j’ai appris que la spontanéité et la perte de contrôle peuvent également être une source d’inspiration. Cela m’a inspiré une confiance en cet instinct qui me pousse à poursuivre les concepts les plus éphémères. Par exemple, ma série «Fallen Princesses» est née d’une douleur profonde et personnelle, où je rage contre la devise que l’on nous inculque dès l’enfance: «vivre heureux jusqu’à la fin de ses jours». La série tourne autour de métaphores construites à partir des mythes trouvés dans les contes de fées, et oblige le public à regarder la réalité quotidienne en face: les rêves échoués, la pollution et la dégradation de l’océan, la guerre, l’obésité, l’extinction des cultures autochtones, le cancer et l’illusion d’une jeunesse éternelle. En adoptant les textures et les couleurs mises au monde par Walt Disney -empire de plusieurs milliards de dollars, voué à l’exploitation des contes de fées- «Fallen Princesses» lève le voile sur un consumérisme aveugle aux morales de ces anciennes paraboles. Cela a également soulevé la question: «comment définir la notion de ce qui est «juste», et comment vivre une vie «juste»?»
Mon plus récent travail est une séquence narrative qui se déploie autour d’une série en dix parties. Tout comme «Fallen Princesses», «In the Dollhouse» a suscité une réaction internationale. Cette fois-ci, je m’en suis prise à l’un des symboles les plus puissants de la culture occidentale: Barbie, la femme idéalisée. Plus que toute autre concept enfantin, Barbie incarne la notion que la Beauté, c’est le Pouvoir, et que celle-ci est nécessaire au Bonheur. Cependant, lorsque Ken, le bel émasculé qui lui tient lieu de petit ami, exprime son individualité, la valeur de la beauté comme ultime critère est enfin démasquée: ce n’est qu’un faux, fabriqué en plastique bon marché.
Les éditions be-pôles , qui publient la collection de livres Portraits de Villes, ont proposé à la lauréate 2014 une carte blanche pour photographier la ville de son choix. Dina Goldstein a choisi Vancouver.