Irina Shkoda
Vit et travaille en France
www.irinashkoda.com
Miserere
Enfant, on m’obligeait à lire le psaume de David deux fois par jour, matin et soir, pour suivre la règle des croyants.
Plus tard, c’est à travers la douleur que j’ai appréhendé ma personnalité : « le sujet (depuis la Chrétienté) est celui qui souffre. Là où il y a blessure, il y a sujet » écrivait Roland Barthes dans Fragments d’un discours amoureux. Aujourd’hui, je relis mes souvenirs avec un nouveau regard. Cependant, aucune des étiquettes contemporaines (par exemple : athée, féministe, spectatrice) ne m’éloigne tout à fait du paradigme chrétien où l’action naît de la peine et du trauma.
Dieu, en tant que projection du père qui m’a rejetée, m’a conduit à vouloir attirer l’attention à travers le péché. Le simple mot de péché a toujours eu une connotation sexuelle pour moi. A travers les textes du Nouveau Testament, j’ai appris que Dieu ne venait pas aux justes mais aux pécheurs et cela a déterminé mon comportement pour de nombreuses années. Je me donnais alors comme exemple Marie Madelaine, cette femme qui vivait sans tabou. Le péché devait pour moi une rébellion, une nouvelle sincérité et un droit à la subjectivité.
Dans cette série, j’ai choisi de recréer en photo quelques événements significatifs de ma vie pour les observer de l’extérieur, comme le fait ce Dieu en lequel je ne crois pas.
Chaque photo correspond à un souvenir traumatique et à un verset du psaume.